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3ème aéroport ou aménagement harmonieux du territoire ?

Publié par "Verts Contacts IDF décembre 2000"

Par Alain Amédro, Secrétaire départemental des Verts Seine-Saint-Denis, Conseiller municipal d’Aulnay/Bois
Franck Contat, Porte-parole des Verts du Bourget

La Seine-Saint-Denis mérite bien mieux que l’image déplorable que l’on se fait d’elle. Il y a de la vie, de l’imagination, des initiatives, de la création, dans les cités, les quartiers… et « sous les pistes de Roissy »...

C’est dans ce département que l’on brûle une grande partie des ordures parisiennes, et sans le coup de frein mis par Dominique Voynet et les élus Verts à l’incinération, la construction d’une deuxième usine serait inéluctable. C’est dans ce département que s’installent des grandes surfaces commerciales et des entrepôts qui viennent assouvir la frénésie consumériste des franciliens, en détruisant le commerce de proximité et en provoquant la désertification des quartiers. Et c’est de ce département que s’envolent les millions de passagers de Roissy, après y avoir emprunté les autoroutes, les nationales, les voiries locales au pire, ou utilisé au mieux le RER B, dont les directs Paris-Roissy restent interdits aux habitants.

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L’ensemble des commentateurs, des analystes, des « décideurs », et en tout premier lieu le ministre des transports, se sont appuyés sur la catastrophe du Concorde pour justifier la construction d’un 3ème aéroport, censé diminuer le trafic à Roissy. Mais qui ne voit pas que c’est justement la logique du toujours plus - toujours plus de vols, toujours plus vite, toujours plus de fret – qui à la fois impose une nouvelle plate-forme aéroportuaire et multiplie les nuisances, ainsi que les risques d’accidents ?

Plus contestable encore, ces « responsables » s’appuient sur le combat d’associations de riverains qui réclament la construction d’un troisième aéroport avec le louable souhait de voir baisser les nuisances autour de Roissy.

Ce faisant, ils empêchent tout débat, alors que c’est aujourd’hui que les problèmes se posent, et c’est dans 10 ans au mieux que les nouvelles pistes seraient ouvertes. D’ici là, n’auront-ils pas imposé, à titre « provisoire » bien sûr, que le trafic de Roissy ne soit pas limité... Avec ou sans troisième aéroport, les riverains subiront un accroissement des nuisances si une logique d’aménagement n’est pas substituée à celle du laisser aller, de l’avion avant la population, du profit avant le bien-être.

Nous avons participé, aux manifestations des associations, aux côtés du député Vert Yves Cochet, pour que soit jugulée l’explosion du trafic et réclamer le couvre feu la nuit, la stricte limitation du nombre de mouvements…Mais nous avons été présents pour leur dire que ce projet ne résoudrait rien, car le productivisme, la course effrénée contre le temps, ne saurait être une solution aux problèmes de transports.

Prenons en exemple la situation de la Seine Saint Denis : le réseau autoroutier y est de plus en plus souvent saturé, des portes de Paris à Roissy, les réseaux communaux sont pris à leur tour d’assaut, par un transit vers Roissy, avec une pollution sonore qui explose. Une partie de la population des villes du Nord-Est sont soumises aux bruits conjugués de l’aéroport du Bourget et des voies aériennes par le sud de l’aéroport de Roissy. Est-ce de modèle que l’on veut pour l’ensemble du bassin parisien ?

Les conséquences de ce mode de développement sont déjà à l’œuvre en Seine-Saint-Denis : ceux qui peuvent échapper aux nuisances le font. Ainsi, les élites ne font que passer et quittent un département environnementalement et socialement défavorisé, le précarisant encore un peu plus. C’est le cas du cheminot Gayssot, qui après de belles promotions, quitte sa ville de Drancy pour une terre d’élection méridionale : agréable et moins exposée aux nuisances !

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Les tenants du 3ème aéroport devraient bien lever la contradiction suivante : à qui peut bien s’adresser cet aéroport, construit aux franges du bassin parisien, à 2 heures d’autoroutes et un peu moins en train de Paris-centre ? Ceux pour qui l’avion répond à un besoin de rapidité de déplacements continueront à utiliser les plates-forme proches du centre de Paris. Les utilisateurs occasionnels, les voyageurs, les adeptes des vols charters, représentent-ils la clientèle attendue du 3ème aéroport ?

De leurs côtés, les régionaux devraient continuer à venir en région parisienne, alors qu’ils souhaitent, les enquêtes le montrent, partir de Lyon, Marseille… Ceci est d’autant plus absurde que ces aéroports, avec une bonne intermodalité avec le réseau TGV, en particulier par un enregistrement des bagages dès la gare SNCF, représenteraient une bonne alternative, de surcroît immédiate, à l’explosion du trafic parisien.

Et que se passerait-il si les managers et les cadres, profitant de la réduction du temps de travail, venaient à privilégier les vidéo-conférences, le mail et un mercredi avec leurs enfants, au lieu de courir de Londres à Pékin, de Sidney à New-York, de faire l’aller-retour Paris Marseille dans la journée ? L’entreprise privée Air France, qui a choisi, pour leur intérêt exclusif, de faire de Roissy son « hub », et de mettre en place des navettes, aux taux d’import très faibles, y provoquant ainsi l’explosion des vols, devrait alors remettre en cause son soutien implicite au 3ème aéroport.

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Tout ceci démontre que le dossier du transport aérien doit être traité aux bonnes échelles: européennes et françaises. Peut-on accepter que le transport aérien continue à structurer à ce point le territoire français, en centralisant cette activité sur le bassin parisien ? Peut-on accepter qu’il remette en cause les efforts de décentralisation dont les objectifs affichés sont une plus juste répartition des structures, des pôles de décisions et des habitants sur l’ensemble de l’Hexagone?

La logique de ce troisième aéroport est un fameux retour en arrière, issu d’un centralisme d’un autre âge. C’est «Paris ou le désert français » dénoncé au début des années 70. C’est à dire une pensée étriquée, qui ne tient pas compte de la construction d’un espace plus vaste : l’Europe.

Peut-on accepter que ce productivisme remette en cause les politiques régionales et gouvernementales en faveur de la santé des populations ? A qui profitent les livraisons en 24h, synonymes de vols de nuit et de trafics de camions de livraison ?

C’est ainsi que, attachés à un développement qualitatif qui prenne en compte les besoins réels, sociaux, et accroisse la qualité de vie des riverains, nous ne sommes pas favorables à la nouvelle plate-forme préconisée par JC Gayssot.

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Le défi est bien de créer une complémentarité des aéroports européens, de sortir d’une logique libérale de concurrence pour jouer sur la complémentarité des plates formes et d’affirmer fortement le droit des populations à une meilleure qualité de vie. Ce défi peut donner l’occasion à notre ministre des transports d’être le champion d’une résistance opiniâtre à la mondialisation libérale et d’une Europe soucieuse du bien être de ses habitants. On peut toujours rêver.